MARTÍNEZ GRIÑAN, Luis, dit Lilí (Guantanamo 1915-La Havane 1990)

Né de père espagnol et de mère cubaine, Luis MARTÍNEZ, surnommé "Lilí" reçoit un solide éducation et prend des cours de piano avec sa soeur Ana Emilia. En fait il apprend surtout seul, pratiquement en autodidacte, mais sa curiosité le pousse à chercher et il écoute des pianistes classiques comme Chopin. Mais il est aussi lié à son environnement de Guantánamo où deux choses dominent l'ambiance musicale, le Changuï et la musique américaine que l'on joue dans les bars pour les marins et soldats de la Base Navale.

"Lilí" a dix-sept ans lorsqu'il commence à jouer dans les académies de danse de la ville. Pour les danseurs il joue tous les genres et sa progression est fulgurante.

A vingt ans, pour gagner sa vie il devient peintre et est engagé à la Base Navale. Il y joue également du piano au sein d'un orchestre et là il se familiarise avec le jazz des années 30 joue les partitions que reçoivent les américains, apprécie Benny Goodman... Sa réputation dépasse largement les limites de la ville et attise notamment la curiosité du pianiste "Peruchín".

En 1937 MARTÍNEZ forme son orchestre "Los CHAMPIONS de Lilí MARTÍNEZ" avec parmi ses musiciens "Chito" LATAMBLÉ, tres; Rolando FERNÁNDEZ au saxophone et les trompettistes Fernando ALMAGUEL et Juan R. OCAÑA. Sa formation est l'orchestre attitré de la radio CMKS.


Los Champions de Lilí Martíinez.
Durant plusieurs années il alterne les prestations de son orchestre, les concerts en soliste à Guantánamo mais aussi à Santiago de Cuba. En 1943 il organise une formation supplémentaire "La RAREZA del 43" pour laquelle il recrute quatre excellents musiciens de "La TROVA TRADICIONAL de GUANTÁNAMO", Arturo LATAMBLÉ, bongó; Reyes "Chito" LATAMBLÉ, tres; Justo KINDELÁN, voix ; Luís CÉSPEDES, contrebasse et les trompettistes Manuel INCIARTE et Fernando ALMAGUEL.

Il n'y a pas que "Peruchín" qui l'a remarqué. Il est connu jusqu'à La Havane et lorsque Rubén GONZÁLEZ quitte Arsenio RODRÍGUEZ il conseille à ce dernier d'engager "Lilí" MARTÍNEZ. Au début de 1946 celui-ci gagne donc la capitale et rejoint le "CONJUNTO ARSENIO RODRÍGUEZ". "Lilí" compose et on peut entendre son piano et ses compositions sur les premiers enregistrements de cette année-là: "Chicharronero", "Cero guapos en Yateras". Dès son arrivée dans la formation c'est aussi lui qui réalise tous les arrangements.
Pendant plusieurs années sa carrière se confond alors avec la renommée du conjunto auquel il contribue à donner un son spécifique à travers ses particularités rythmiques. Il offre encore "Te esperaré", "Luna al amanecer", "No me llores más", "Que cosas tendran las mujeres"...

Lilí Martíinez debout 3° à partir de la gauche.

Lorsque Arsenio quitte Cuba en 1952 il laisse sa formation entre les mains de Félix CHAPOTTÍN et "Lili" MARTÍNEZ poursuit l'aventure avec le trompettiste et son conjunto "CHAPOTTÍN y sus ESTRELLAS" jusqu'en 1967. En 1966 il compose son premier changüi: "Changüiseando".

Au cours des années cinquante il est ausi l'arrangeur du "CONJUNTO MODELO", du "CONJUNTO SORPRESA" formé par ses amis de Guantánamo, qui joue beaucoup dans la capitale. Il rejoint également pour un enregistrement une formation organisée par le chanteur Miguelito CUNÍ en 1958.

Le Conjunto Chapottín avec Lilí.


Parallèlement "Lilí" fait diverses études et dans les années soixante il travaille dans l'investigation criminologique en même temps qu'il dirige à Holguín une nouvelle formation "Los DIABLOS ROJOS".

"Lilí" MARTÍNEZ se retire ensuite à La Havane pour se consacer à l'enregistrement, la composition, l'enseignement et à voyager dans l'Oriente notamment pour assister aux festivals de Son ou de Changüi... Il sombre progessivement dans l'oubli, l'alcool et disparaît dans l'anonymat en 1990.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* In * "Arsenio Rodríguez y su Conjunto. Grabaciones Completas Rca Victor. 1940-1956", Volumes 1, 2, 3. L.H., Tumbao TCD 318.

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