CUEVA, Julio (Trinidad 1897-La Havane 1975)

Julio est né dans une famille au sein de laquelle le père aime le violon. Mais ce derier quitte le foyer et Julio n'a pas encore cinq ans qu'il doit vendre de l'eau comme marchand ambulant dans les rues de Trinidad. Il n' a pas vraiment de goût pour la musique mais l''arrivée dans la ville d'une Banda Infantil de Cienfuegos qui défile dans les rues l'enthousiasme. Il décide d'étudier le piano et la grand mère le convainc de s'inscrire à l'Ecole de Musique en 1908. Avoir un piano est financièrement impossibe et la grand mère lui achète le seul cornetín disponible dans la ville. Il joue dès 1910 dans la Banda Infantil de la petite ville coloniale de Trinidad ce qui lui rapporte, lors d'animations, quelques pesos bienvenus dans la maison abandonnée par son père. Il entre en 1913 dans la formation de son grand oncle la típica de Bartolo VIDAL et en 1915 dans la Banda de Santa Clara.
Julio va travailler huit ans avec la Banda tout en s'investissant dans d'autres formations, en particulier avec la compagnie théâtrale de Pous avec laquelle il parcourt l'île. A partir de 1918 il commence à composer et de cette époque datent " Ten cuidado con Irene", "Campanario y Chucumbún". Il commence à travailler la trompette. En 1922 il joue quelques mois dans la Banda Municipal de Cienfuegos comme trompette soliste puis rentre à Trinidad pour fonder la Banda Municipal de sa ville natale en 1923. Quelques mois plus tard il organise son propre orchestre sur le modèle de la típica de son grand oncle. Cette formation est exclusivement composée de musiciens de Trinidad et compte sur Félix REINA Sr. et Pedro BARRIZONTE, violons; Rafael ZERQUERA et Leonardo Eloy CASTELLANOS, clarinettes ; Fernando DOMENECH, trombone; Juan PEÑONES, figle; Cleto HERNÁNDEZ, timbales; Juan TRONCONES, tumbadora et voix; Rafael PABLO, güiro; José ZEMBRANO puis Higinio ESCOCIA, contrebasse et Julio à la trompette.


Sa propension à écrire s'affirme davantage avec de nombreux danzones: " Que te puyen", "Con mis tijeras no", "Cáscara, puya y palante", "Estoy espiritista", "Felicia" etc... Au long de sa carrière Julio a souvent modifié ses danzones pour les adaper à d'autres genres.
Avec sa formation CUEVA parcourt toute la région animant les fêtes et les bals mais arrive le moment où il pense qu'il stagne et décide en 1928 de rejoindre la capitale. A La Havane il se rend au célèbre bar Los Parados, lieu de rencontre des musiciens, et décroche un contrat pour jouer dans l'orchestre du Teatro Campoamor où rapidement Moises SIMONS le remarque et l'entraîne dans sa propre formation qui anime les nuits du Roof Garden de l'Hôtel Plaza. Et en 1930 Julio CUEVA rejoint celui de Don AZPIAZU au Casino Nacional.
Avec la formation de ce dernier, CUEVA voyage l'année suivante à New York, inaugure l'Empire State Building et reste huit mois aux Etats Unis. Un bref retour au Casino Nacional et il repart avec AZPIAZU pour une tournée européenne. A Monte Carlo d'abord, pour un grand trimeste; ensuite à Paris en 1932 . L'orchestre est bien accueilli. Ils inaugurent et restent trois mois au cabaret La Plantation de Colombie.


Julio avec la formation de Azpiazu.


Dans la capitale française il est invité à interpréter "El Manisero" pour le film Orchidées noires avec Carlos Gardel. Le film débute par ce thème et le morceau se répand comme une traînée de poudre en France.
L'orchestre avec Julio continue ensuite sa tournée européenne, Bruxelles, Londres, mais dans cette ville, au moment de rentrer à Cuba, Julio décide de rester en Europe. Julio CUEVA entre dans la formation de Snow Fisher, les "Harlomarvels" joue à Paris et à Berne. Il part en Espagne et joue dans les cabarets. Il joue également avec son compatriote le pianiste Oscar CALLE installé à Paris.

A Paris il fréquente un lieu où les Cubains se pressent La Cabane Cubaine. S'y déroulent des descargas avant la lettre. CUEVA monte un groupe et le conduit entre 1934 et 1934 -sous différents noms et avec différents musiciens- dans les studios. L' "ORCHESTRE TYPIQUE CUBAIN JULIO CUEVA", le "CASINO NACIONAL DE LA HABANA" enregistrent ainsi "Chivo que rompe", "Buscando millonarias", "María la O", "Carioca", "La Cueva", "Cuartito sagrado"...
En 1934, il obtient un contrat pour jouer dans un cabaret de Paris qui bientôt prend son nom La Cueva. Il y dirige l'orchestre maison qui inclus le jour de son inauguration quatre autres cubains, les frères Ernesto et Eliseo GRENET, RUIZ et CARAVALLO, deux chanteurs.

L'orchestre de Julio à Paris.
Cabaret La Cueva
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Photographie archives F.I.U. Miami.


Une tournée en Afrique du Nord et le voilà de nouveau en Espagne en 1935 pour diriger le fameux cabaret El Casablanca puis le Satán. Il engage de nouvau Ernesto comme batteur et Sergio NICOLS comme chanteur. Il est à Madrid lorsque la guerre civile éclate et plutôt que de rentrer à Cuba s'engage dans les forces républicaines dirigeant la musique militaire de la 4° division. Il y retrouve Ernesto. Les républicains vaincus, CUEVA rentre en France mais doit passer plus de deux mois dans un camp de concentration.
En 1939 Julio retourne à Cuba, dans sa ville de Trinidad. Son passé d'Internationaliste lui cause de sérieux problèmes mais le directeur de la radio de Ranchuelo, futur patron de RHC Cadena Azul, Amado Trinidad, lui demande de restructurer l'orchestre de sa station. Julio CUEVA organise le "MONTE CARLO". L'orchestre comprend des musiciens de valeur, le trompettiste Remberto LARA, un ancien de chez Don AZPIAZU, le grand pianiste Felo BERGAZA , Armando PERAZA , Enemelio JIMÉNEZ et Orlando "Cascarita" GUERRA comme voix qui était déjà dans l'orchestre de Amado Trinidad. Le succès est immense assurant la rénommée de Julio, de la station et de son patron. "Tito" GÓMEZ chante également un temps avec cette formation.
Les objectifs de Amado Trinidad, devenu grand patron de RHC, atteints, Julio entre chez les "Hermanos PALAU" installés au Cabaret Sans Souci. Il enregistre avec l'orchestre auquel il propose plusieurs compositions, "Dos cosas pa toma'con leche", "Pobrecitas mujeres"... Parallèlement il joue dans l'orchestre de Radio Suaritos.

Orquesta de Julio Cueva, Cuba. Collection J. Jaramillo.
En 1942 Julio décide d'organiser une nouvelle formation, joue sur les ondes de la Mil Diez et les enregistrements commencent. CUEVA engage "Cascarita". Le piano est tenu par BERGAZA ou René HERNÁNDEZ puis par PÉREZ PRADO et "Bebo" VALDÉS et la tumbadora par Oscar VALDÉS Sr. .
La célèbre orchestre comprend en outre les saxophonistes alto Mario MENÉNDEZ et Bruno GUIJARRO ; les ténors José PÉREZ, Miguel SÁNCHEZ; les trompettistes "El Negro" VIVAR, Alberto " Platanito" JIMÉNEZ. Le contrebassiste du groupe est Salvador "Bol" VIVAR et le bongosero Marcelo GONZÁLEZ. Julio CUEVA engage aussi, pour entourer "Cascarita", Reinaldo VALDÉS et Juan Antonio JO qui sera remplacé plus tard par "Puntilla" LICEA.
L'orchestre est très recherché et les radios se font la guerre pour l'obtenir. Il joue principalement pour la Mil Diez, la radio du parti dans lequel il milite activement mais aussi sur les ondes de la CMQ en 1943 ou encore de CMBI où la formation accompagne un enregistrement de Rita MONTANER "El Golpe de Bibijagua". Julio réalise alors de nombreux enregistrements avec son ensemble pour lequel il compose, "Ñenguere Ñengue", "Camisa sin botones", "Agua de tinajón" … Il est le premier artiste à enregistrer pour la Panart avec comme composition "En el Ñongo" avant de se tourner vers la RCA Victor.
La popularité du groupe s'étend jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Batista en 1952. Les difficultés vont grandissantes pour CUEVA qui doit, après avoir dissout son orchestre, vendu son cornet puis sa trompette, se contenter de petits contrats personnels dans divers ensembles de second plan.
Il continue toutefois à jouer dans de nombreux bailables avec une formation qui compte aussi sur Oscar VALDÉS Sr et sur Emilio del MONTE au cours des années soixante. Julio CUEVA se retire alors et vit de manière précaire. Il continue de composer des oeuvres qui resteront inédites. Julio CUEVA disparaît en 1975 victime d'une attaque cardiaque.
Sa trace restera aussi pour la postérité sous les traits de Gaspar Blanco dans le roman de Alejo Carpentier, Le Sacre du Printemps.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:

* "La Butuba Cubana", L.H.1943-1945, Tumbao 032.
* "Desintegrando", L.H. 1944-1947, Tumbao 083.
* In " Azpiazu's Havana Casino Orchestra: Orchestre Typique Cubain de J. Cueva & J. Cueva et son Orchestre du Casino Nacional". Plages 17,18,19,21, Paris 1932-1934, Music Memoria B00004S6DQ.
* In "Cuban in Europe, Vol.2" , Plages 8, 9,11,12,19, 20, Paris 1932 & 1934, HQ 56.
* In " Cuba.1926-1937. Bal à La Havane", CD1, plage 8. 1934, Fremeaux & Associés 5134.
* In " La Ola Marina. Hermanos Palau", L.H. 1939-1941, Tumbao 035.

 
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