Le Son. De Santiago de Cuba à La Havane

 
C'est à la fin de la première décade du XX° siècle que le Son quitte son berceau d'origine et commence à se répandre dans l'île. Deux phénomènes en sont à l'origine. D'une part une plus grande mobilité de la main d'œuvre agricole qui cherche du travail à travers le pays avec un déplacement des populations vers les villes et d'autre part la décision prise par le gouvernement de José Miguel Gómez de disséminer, pour éviter d'éventuels troubles, les soldats de l'armée permanente dans toute l'île.

Des soldats de La Havane sont envoyés à Santiago où certains apprennent à jouer du tres.
Ce fut le cas des frères GONZÁLEZ directeurs d'une estudiantina, "Lo' LECHUZA" qu'on entendait autour du Café Colón. Mais surtout de nombreux soldats d'Oriente sont envoyés dans la capitale.
Les soldats santiagueros sont logés dans des quartiers populaires de La Havane. Parmi eux certains sont musiciens et se mêlent aux Coros de Guaguancó et aux Coros de claves de la capitale, contribuant ainsi à la propagation du Son.


Les premiers pionniers connus ont pour nom, Emiliano DIFULL, guitare, Mariano MENA bongó, Sergio DANGER, tres. Ils font également partie d'une chorale populaire qui interprète le Son et dont la réputation est grande dans la capitale entre 1913 et 1918, "Los APACHES".


Les premiers ensembles qui naissent sont le plus souvent des trios ou des cuartetos. Ainsi apparaît le "TRIO ORIENTAL" qui devient en 1916 le "CUARTETO ORIENTAL". En 1918 le joueur de tres Carlos GODÍNEZ, l'un de ces soldats santiagueros, organise son "GRUPO TÍPICO" à la demande de la compagnie de disques RCA Victor. Se forment également les groupes "SINSONTE y VÁZQUEZ", "CUARTETO CRUZ ", le trio "SON SANTIAGUERO"... Tous ces groupes vont enregistrer au début de la décennie suivante.

Si l'on ne peut dire qu'en ce milieu des années 10-20 le Son soit définitivement fixé, une ossature progressivement se met en place. Les influences sont réciproques entre les soneros et les participants des Coros. Les palitos comme on dénomme aussi les claves , ne tardent pas à entrer dans le Son. Le rythme de la clave avec ses contretemps, s'accommode parfaitement à la structure du cinquillo sur laquelle s'est développé le Son oriental.


Le "TRIO ORIENTAL" est l'un des premiers à utiliser les claves et rapidement tous les interprètes du Son les adoptent au point qu'aujourd'hui il est impossible d'imaginer de jouer un Son sans claves ou sans une structure qui reproduit son rythme clairement ou implicitement.
Bientôt sortir du rythme de la clave,
c'est à dire sortir du rythme donné par les palitos devient une faute musicale susceptible d'écarter un musicien d'un groupe.

En 1919 le "CUARTETO ORIENTAL" devient un Sexteto le "SEXTETO de GODINEZ" puis le "SEXTETO HABANERO ", formation qui va commencer à définir les canons du Son traditionnel. Au fil des années la formation va évoluer dans sa composition mais elle débute avec les musiciens du Cuarteto auquel s'ajoute le joueur de botija Antonio BACALLAO.

© Patrick Dalmace

De la Vallée du Cauto à Santiago de Cuba. La naissance du Son.
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