CARDONA, Manuel, dit "Dos cabezas " (Santiago de Cuba 1890-1972)

Manuel Cardona naît dans une très modeste famille de Santiago de Cuba, à la fin de la guerre d'Indépendance et dans une atmosphère post-révolutionnaire. Manuel suit des études primaires mais ne peut accéder à un niveau d'étude supérieur. Pourtant il se montre préoccupé par la culture, l'histoire, la littérature. Les classiques grecs n'ont pas de secret pour lui.
Il est aussi un fervent défenseur du régionalisme, de l'Oriente cubain.

CARDONA se démarque ainsi de l'ensemble de sa génération, pour l'essentielle analphabète et, dès sa jeunesse, devient vite une personne que l'on fréquente à Santiago. Les cantantes -Emiliano BLEZ et son entourage - viennent chez lui. Il est ami intime de Sindo GARAY et Miguel MATAMOROS lui voue une grande admiration.

Plus tard les plus jeunes « Pucho El Pollero », Pablo ARMIÑAN … auront le même respect pour lui.

Outre ses qualités intellectuelles Manuel CARDONA possède aussi des talents manuels et exerce avec succès de nombreux métiers, tabaquero, menuisier…

Il s'intéresse à la musique, apprend de manière autodidacte la guitare et fabrique lui-même son instrument. L'écriture, la composition, le passionnent mais il ne se préoccupe nullement de préserver ses œuvres. Il a des idées bien arrêtées sur ce point comme sur beaucoup d'autres ce qui lui vaut le surnom de « Manuelico Dos Cabezas  ».
Il chante et joue pour les amis, chez eux, dans les peñas, les cafés, sur les places de Santiago. … Ses compositions sont souvent reprises par d'autres et l'on finit parfois par leur en attribuer la paternité ou encore elles tombent dans le domaine public comme c'est le cas de « Descripción de un sueño  »…

En 1923, entrant dans la controverse entre Sindo GARAY et Manuel CORONA, Manuelico écrit «  Gran Sindo Sublime  ». Sa composition fait l'éloge de Sindo, de Santiago et critique très durement La Havane :

Sindo sublime de glorias y honores
Celaje divino que sirve de espejo
....
Havana región de terrestre perfidia
donde la envidia hace su creación...

Elle déchaîne la fureur des cantantes de la capitale au point que le gouvernement de Zayas prend la décision d' interdire de chanter l'œuvre de CARDONA .

A la fin des années vingt, Manuelico écrit «  El Curricán  » une violente diatribe contre un certain Chadoma, anagramme de Machado, Président en exercice. Manuel fuit à Santo Domingo. Arrêté à son retour il se sort d'une difficile situation en affirmant que Chadoma est un personnage de la mythologie grecque.

D'autres compositions ont plus de chance comme «  Es tu color de canela  » que chantent les «  Hermanas MARTI  » .

« Manuelico  Dos Cabezas  » poursuit ainsi sa vie de trovador et de compositeur jusqu'aux années soixante, refusant systématiquement tout ce qui a un caractère officiel, contraignant.
En 1929 il entre dans la formation sonera "Los MODERNISTAS" comme première voix. Ses œuvres continuent, malgré les efforts de son fils Calixto Cardona (Santiago 1930-2009), également compositeur, de circuler sans être protégées. Il est invité à participer à la fondation de la Casa de la Trova mais refuse également de s'insérer dans cette structure aussi proche soit-elle de ses préoccupations. Victime d'un accident il se retire au milieu de la décennie.

Manuel CARDONA disparaît en 1972. Les trovadores lui font une garde d'honneur et interprètent sa composition «  Florecilla  » .

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
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