MATAMOROS, Miguel (Santiago de Cuba 1894-1971)


Miguel, tout en exerçant les métiers les plus divers, s'initie à la guitare avec son camarade Ramón NAVARRO et au chant dans le milieu de la Trova Santiaguera auprès de Pepe SÁNCHEZ, de Sindo GARAY, Manolo CASTILLO, Pablo ARMIÑAN et de dizaines de trovadores anonymes. Il chante la sérénade, joue en duo avec son ami Tino MARTINELLI et se réunit avec les uns ou les autres dans leur maison. Gaucher il encorde sa guitare à l'envers et possède une manière "de gratter" caractéristique. Rapidement toutefois il revient à un encordage normal et réapprend à jouer ainsi.

Il se présente pour la première fois en public au Théâtre Heredia en 1912 et forme un duo avec le guitariste Salvador ADAMS. Miguel MATAMOROS chante à La Havane en 1922 dans un Festival de sérénades puis en 1924 avec le "TRIO ORIENTAL" composé de son cousin Alfonso del RÍO, seconde guitare et de Miguel BISBE, maracas et deuxième voix. Le manque de disponibilité de del RÍO conduit MATAMOROS à chercher un autre partenaire. Rafael CUETO rentre donc dans le trio qui se produit dans divers Théâtres de la capitale avant de rentrer à Santiago.
MATAMOROS déploie une intense activité de compositeur tant dans le domaine du Son que du Bolero et du Bolero-Son, genre qu'il crée dès le milieu de la décennie.

En 1922 il compose "Son de la Loma", une des œuvres maîtresses de la musique populaire cubaine. Elle est enregistrée dès l'année suivante par plusieurs formations : le duo "PABLITO y LUNA", le "CUARTETO CRUZ" et par le trio de VILLALÓN.

>>>> "Son de la Loma", Trio Maramoros.


D'autres thèmes restent historiques, tels que "El paralítico", "Lágrimas negras", la plupart du temps inspirés d'anecdotes ou de faits réels de la vie de Miguel.

En 1925, Miguel, lors d'une soirée d'anniversaire qu'il célèbre avec Rafael, fait la connaissance de Siro RODRÍGUEZ, compositeur de la célèbre guaracha-son "La China en la Rumba". Ils jouent ensemble. Le "TRIO MATAMOROS" est né et la vie de MATAMOROS se confond alors avec celle du trio.


Les succès dans le domaine du Son n'ont pas détourné Miguel de la canción et du bolero qu'il interprétait dans ses premières sérénades et il participe à la fin des années vingt avec "Olvido" au renouveau du bolero en rejoignant ceux qui, s'affranchissant du cinquillo , confèrent au genre un style nouveau. Il enregistre aussi avec la charanga de Antonio María ROMEU en 1930.

Au delà de ses qualités vocales et musicales, on peut attribuer le succès de MATAMOROS à différents facteurs :
Dans sa région de l'Oriente il ne fait aucun doute que sa musique et son interprétation, très proche des racines du Son qui sont encore bien présentes dans les couches populaires et paysannes, est en osmose totale avec ces couches de la population car en même temps que MATAMOROS élabore sa musique, dans les fêtes familiales, notamment dans les campagnes autour de Santiago, les "asaltos" -au cours desquels, Sones primitifs, Nengónes... sont toujours à l'honneur, perdurent. Il en va de même pour le Bolero. Miguel possède un vécu proche des créateurs des premiers boleros et ce vécu, là encore partagé par la population, imprègne totalement ses compositions et sa manière d'interpréter.

A partir de cette base traditionnelle, MATAMOROS crée son propre langage, culturellement et musicalement bien plus élaboré. S'affranchissant du tres, considéré pourtant comme indispensable, il ventile la fonction de l'instrument entre les membres de son trio.

Le fait que MATAMOROS et son trio aient pu directement concurrencer les sextetos dès la fin des années vingt alors que ceux-ci joue un Son bien différent peut, entre autres raisons, être attribué à des raisons similaires. L'immense majorité des Cubains est liée à la terre. Le phénomène de migration vers les villes et la capitale en particulier est suffisamment récent pour que les nouveaux citadins soient encore imprégnés de l'esprit guajiro que les sones et boleros de Miguel réveillent et stimulent. Ils peuvent apprécier le Son Oriental aussi bien que le Son havanero.

MATAMOROS sait aussi s'adapter à l'évolution musicale et organise à partir de son trio, diverses formations, cuarteto, sexteto, septeto, conjunto. Il dirige ainsi son "CONJUNTO MATAMOROS" et met aussi sur pied une formation "bis", le "CONJUNTO BACONAO", destinée à répondre à une demande très forte du public cubain et à jouer dans l'île lors des déplacements internationnaux de MATAMOROS et ses partenaires.


Disque du cuarteto Maisi.

Au retour du Mexique, sans ses deux partenaires restés pour tenter leur chance, Miguel participe au "Cuarteto MAISI" dirigée par sa femme Juana María "Mariposa" CASAS. Le cuarteto est composé de piano, guitare, tumbadora, trompette. Il enregistre plusieurs compositions de Miguel dont "Son de la Loma", "Dulce embeleso", "Olvido"…
Au cours de cette décennie, souffrant d'hémiplégie, Miguel délaisse la guitare et se consacre presqu'exclusivement au chant.

Après avoir dissout le trio en 1960, Miguel MATAMOROS se retire de la vie professionnelle. Il joue ponctuellement lorsqu'ils se retrouvent avec Siro et Rafael, à La Havane ou à Santiago.

Miguel compose encore et en cette dernière étape on lui doit "Triste, muy triste". Miguel MARAMOROS et disparaît à Santiago en 1971.

©Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* "Miguel Matamoros y su cuarteto Maisi. Dulce embeleso", L.H.~ 1950, Egrem 0111.

* Cf. "Trio, Conjunto MATAMOROS"

Santiago de Cuba: La Trova.
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