BARRETO, Guillermo (La Havane 1929-1991)

 

Son père, Primo BARRETO, est clarinettiste de la Banda de la Police Nationale. Gustavo MÁS et Arturo O'FARRILL sont des habitués de la maison. Guillermo s'intéresse très tôt à la batterie, instrument qui entre de plus en plus dans les orchestres cubains Tipo Jazz Band.
Il commence aussi à étudier la théorie musicale, mais son apprentissage se fait essentiellement par l'écoute des disques des jazzmen américains comme Gene Krupa ou Buddy Rich qu'il essaie d'imiter.
Sur des caisses en bois ou en carton BARRETO s'entraîne en écoutant une radio qui au milieu des années trente diffuse une émission de Jazz, La Hora del Swing.



En 1939, -il n'a que dix ans- il forme un trio avec son frère Roberto et un "cousin", "Bebo" VALDÉS. Selon Guillermo ce trio essayait déjà de jouer à la manière de Benny Goodman.
En 1941 Guillermo et son Trio, transformé pour l'occasion en cuarteto avec l'incorporation d'une contrebasse, participe à une descarga historique au Teatro Riviera où se sont donnés rendez-vous tous les musiciens havaneros intéressés par le Jazz. Il y a là les frères PALAU, LEBATARD, les musiciens du "BELLAMAR" avec Armando ROMEU et beaucoup d'individualités. Guillermo se fait remarquer et trouve plusieurs engagements notamment au sein du "AMERICAN SWING" qui anime un programme quotidien sur RHC Cadena Azul. Il est également réclamé par la chanteuse Delia BRAVO, Dandy CRAWFORD et bien d'autres. Un peu plus tard il entre dans l'orchestre permanent de la radio Mil Diez.
Guillermo décide de parfaire sa formation et en 1943 il commence à étudier le piano avec Rafael ORTEGA.
Après un passage chez Obdulio MORALES, BARRETO entre en 1947 dans les orchestres de Armando ROMEU qui jouent au Tropicana. Lorsque ROMEU est momentanément éliminé de la direction de l'orchestre du Tropicana au profit de Adolfo Araco, Guillermo et la section rythmique restent en place. Il contribue à l'entrée de jazzmen pour qui le Be Bop n'a pas de secret et est fréquemment l'auteur des transcriptions pour l'orchestre.
Au début des années cinquante Guillermo est aussi celui qui organise les descargas du dimanche après-midi au Tropicana. Il entraîne aussi plusieurs membres de la formation chez Leonardo ACOSTA où se déroulent aussi des jam's sessions.
BARRETO fait un passage dans la formation de ORTEGA installée au Sans Souci.
"Chico" O'FARRILL fait appel à lui en 1953 pour les enregistrements qu'il réalise avec un grand orchestre à La Havane.
Là, lors de la venue de l'orchestre de Tommy Dorsey, Guillermo BARRETO a l'occasion de côtoyer son idole Buddy Rich pendant près de trois semaines et remplace même celui-ci, malade, au sein de l'orchestre américain. Guillermo est aussi de la partie lors de la célèbre soirée au cours de laquelle se présente Sarah Vaughan.


Guillermo, à droite au cours des descargas enregistrées avec Cachao.
L'année suivante Guillermo retourne au Tropicana avec Armando. Il reste dix années avec ROMEU.
Au cours des années cinquante Guillermo travaille les pailas -que sa tante Irene HERRERA maniait si bien- et en devient un spécialiste, non pas à la manière dont en jouent les timbaleros des formations danzoneras mais bien comme jazzman. Les premières influences des "AFROCUBANS" sur les jazzmen Cubains peuvent avoir transité par le jeu de BARRETO, admirateur de Ubaldo Nieto le timbalero de MACHITO.
Les descargas continuent et celles organisées en 1956 par Israel "Cachao" LÓPEZ resteront gravées sur le vinyle avec BARRETO aux timbales , tout comme celles de O'FARRILL. Plus tôt en 1952 Guillermo, avec "Bebo", Gustavo MAS, Kiki HERNANDEZ, "El Negro" participe au premier disque de jazz enregsitré à Cuba sous le titre "Cubano" par le "ANDRE's All Stars".

Il retrouve "Bebo" VALDÉS pour jouer en trio au Sevilla Biltmore en 1957. "Bebo" réalise avec lui ses premiers enregistrements en grande formation. Guillermo joue aussi avec d'autres petits groupes. Ainsi, jouant au Capri, il accompagne un visiteur imprévu, Stan Getz. Décidé à explorer davantage le monde du Jazz, il forme en 1958 le "QUINTETO INSTRUMENTAL de MÚSICA MODERNA" avec "Papito" HERNÁNDEZ, contrebasse, Gustavo TAMAYO, güiro ; "Tata" GÜINES, tumbadora et Franck EMILIO, piano. Il est le plus souvent aux timbales. Il joue aussi avec Frank DOMÍNGUEZ.
Frank Emilio y su Quinteto, "Algo Bueno". Batterie Guillermo Barreto. >>> ...

De nombreux enregistrements voient alors le jour notamment entre 1959 et 1964.


 

Après un passage et des enregistrements avec la "ORQUESTA KUBAVANA" de Carlos BARBERÍA en 1959, BARRETO au début des années soixante est au Havana 1900 avec un cuarteto composé de "Papito" HERNÁNDEZ, Frank EMILIO et du guitariste Juanito MÁRQUEZ.
Entre 1959 et 1960 Guillermo devient un élément incontournable des jam's sessions du Club Cubano de Jazz. Il dirige également à la fin de 1959 le cuarteto du CCJ qui joue au club El Rocco avec "Papito" HERNÁNDEZ, Jesús CAUNEDO, saxophone ténor et URBINO au piano.
Le groupe qui devient ensuite "LOS AMIGOS" utilise des standards cubains et en font une interprétation jazz. C'est là leur objectif et ceci reste sur divers enregistrements réalisés entre 1958 et 1962 rassemblés sous le titre "Instrumentales cubanos". Guillermo collabore à d'autres groupes, participe aux entregistrements de nombreux musiciens tel par exemple Felipe DULZAIDES. Il intègre également l'orchestre de la Egrem constituant avec TAMAYO, güiro et Roberto GARCÍA bongó, une des meilleures sections rythmiques qu'à connu la musique cubaine jusqu'ici.


Guillermo Barreto, Franck Emilio, Papito Hernández et Tata Güines.



Au milieu de la décennie Guillermo BARRETO entre dans l'orchestre de l'Institut de Radio et Télévision. Avec plusieurs musiciens de la formation et d'autres du Tropicana ils forment en 1966 le "COMBO SIBONEY" dont le but principal est d'enregistrer. Guillermo -titulaire des timbales- offre à cette formation "La clave del futuro" enregistré cette même année sur les ondes de Radio Progreso.

Lorsque se forme la "ORQUESTA CUBANA DE MÚSICA MODERNA" en 1967 Armando ROMEU appelle immédiatement Guillermo à la batterie.

La charanga "TÍPICA 73" est le premier groupe américain à se produire dans l'île depuis la visite de Nat King Cole et ses partenaires. Elle joue au Tropicana en 1977 et enregistre à Cuba avec plusieurs musiciens de La Havane dont Guillermo. En 1979 lorsque "La Fania" se rend dans l'île, Guillermo BARRETO est également invité à participer à l'enregistrement de la formation Salsera et avec ses partenaires du quinteto auquel s'incorporent "Los PAPINES". Ils offrent également "Sherezada" au disque "Havana Jam" enregistré au Théâtre Karl Marx.
A la disparition de la "OCMM", Guillermo, qui n'a jamais abandonné ses "AMIGOS" -il enregistre avec eux un instrumental des compositions du Comandante Juan ALMEIDA- poursuit ses collaborations avec de nombreuses formations. Il enregistre toujours avec l'Orchestre de la Radio et Télévision.

Barreto et Kike Hernández.
Photographie Collection Fabián García
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Après la Révolution le Ministère de la Culture met en place l'évaluation des groupes musicaux afin d'organiser la profession. Guillermo est invité à faire partie des responsables de cette évaluation.
Avec Tata GÜINES, Nicolas REINOSO.... il rejoint le groupe "ORÚ" de Sergio VITIER, réalise avec lui plusieurs tournées à l'étranger et enregistre en plusieurs occasions


Guillermo BARRETO, au milieu des années quatre-vingt, produit les deux derniers disques de sa femme, la chanteuse Merceditas VALDÉS, "Aché IV" et "Aché V".
Pour accompagner celle-ci, Guillermo BARRETO monte également un groupe.
Avec elle également ils entament, en 1988, une collaboration avec la flûtiste canadienne Jane Bunnett, collaboration qui s'achève avec "Spirits of Havana" en 1991, quelques semaines avant la disparition de Guillermo.
Cuba lui rend un grand hommage en 2003 lors de la Fiesta del Tambor et l'année suivante pour le Cubadisco 2004.


Guillermo avec Jane Bunnett.

De nouveau en 2007, à l'initiative de Giraldo PILOTO, son neveu, un hommage lui est rendu au Club La Zorra y El Cuervo auquel participent les meilleurs percussionnistes et musiciens cubains. La Fiesta del Tambor prend désormais son nom.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
In * "Cachao y su Ritmo Caliente. From Havana to New York", plages 1 à 12, L.H. 1957, Caney 501.
In * "Cuban Jazz Combo (Quinteto Instrumental de Música Moderna). Algo Bueno, L.H. 1959-60, Caney 515.
In * "Cuban Jazz Combo (Quinteto Instrumental de Música Moderna). Drume Negrita", L.H. 1959-60, Caney 517.
In * "Los Amigos. Instrumentales cubanos", L.H. 1958-62, Egrem 030.
In * "Combo Siboney. Descarga Latina", L.H. 1966, Discmedi 059.
In * " Los Amigos. Música de Juan Almeida", L.H. ~ 1970, Egrem 416.
In * "Havana Jam", plage 8, L.H. 1979, Sony Records 9160.
In * "Spirits of Havana", L.H. 1998, Blue Note Records 23684.

 
Cuba et le Jazz. Les Pionniers du Jazz.
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