PÉREZ PRADO, Dámaso (Matanzas 1916-México 1989)

Doué d'un sens de la promotion hors du commun, Dámaso PÉREZ PRADO a toujours entretenu le mystère sur les premières années de sa vie et de sa carrière, y compris sur l'année de sa naissance. Mais c'est une certitude : il a effectué des études musicales. Il collabore dans ses premières années avec la charanga de Senén SUÁREZ.
Vers 1940 Dámaso est installé à La Havane où il joue du piano dans les cabarets Pennsylvania à Marianao et Kursaal sur les quais du port.
Il semble également qu'il ait joué dans la charanga de Paulina ÁLVAREZ. Dámaso joue ponctuellement dans diverses formations et remplace René HERNÁNDEZ au sein de l'orchestre de Julio CUEVA. Les matanceros de la "LIRA MATANCERA" , installée dans la capitale, revendique sa présence durant une époque.
Excellent arrangeur, il travaille pour le programme que Orlando "Cascarita" GUERRA anime sur CMQ. Sur les ondes c'est la formation de Carlos ANSA qui interprète son travail.
"Cascarita" le fait entrer en 1942 dans l'orchestre "CASINO de la PLAYA" pour suppléer aux départs successifs de Anselmo SACASAS et de Julio GUTIÉRREZ. Avec "Cascarita", il laisse une belle version du "Llora" de "Chano" POZO.
Dámaso intervient aussi au sein du "KUBANEY".
Pendant cette période PÉREZ PRADO, s'inspirant des innovations de Orestes LÓPEZ et du diablo de Arsenio RODRÍGUEZ, commence à développer des idées personnelles. Il acompagne aussi les solistes, notamment Elena BURKE, dans les cabarets.
Ces années quarante sont aussi celles où le Jazz intéresse de nombreux musiciens Cubains et Dámaso subit aussi cette influence.
En 1946, au retour d'une tournée aux Etats Unis avec le "CASINO de la PLAYA" il organise son propre orchestre et enregistre à Cuba. L'année suivante il part en tournée en Argentine et au Venezuela où il diffuse sa composition "Qué rico el Mambo".
Mais à Cuba les nombreux arrangements qu'il réalise rompent avec la tradition, comme par exemple celui de "Kuba-Mambo" qui contient déjà les germes du Mambo , avec quelques riffs et onomatopées que Dámaso va systématiser par la suite. Ces arrangements déplaisent aux maisons d'enregistrements. Celles-ci demandent aux musiciens qu'elles ont sous contrat de ne plus faire appel aux services de PÉREZ PRADO. La route lui semble barrée. A New York il réalise des orchestrations pour Xavier CUGAT et divers autres cubains.
En 1948 Dámaso PÉREZ PRADO prend le chemin du Mexique. Il entre dans diverses formations alimentaires puis forme un nouvel orchestre.
Dans la capitale aztèque, ses innovations rencontrent un bien meilleur accueil et il peut aisément développer ses idées. Dámaso enregistre dès 1949 pour la Victor, "José", "Macamé" et quelques autres thèmes mais le disque est un demi-échec. PÉREZ PRADO organise alors un type de formation spécialement adaptée à ce qu'il souhaite faire.
Le trombone et la dizaine de saxophones et trompettes peuvent répondre, le plus souvent dans d'immenses unissons, à la polyrythmie offerte par la basse, le piano et les tumbadoras. Alors que les charangas et les conjuntos utilisent une seule tumbadora, Dámaso en utilise deux.

Document: Archives Tumbao, Barcelona.
Dès lors les prestations vont prendre une autre allure. Immédiatement Dámaso PÉREZ PRADO obtient au Mexique un succès retentissant. L'écoute d'une version de "Mambo N°5" enregistrée à Cuba et celle enregistrée à México à peu de temps d'intervalle montre bien comment Dámaso a exploité ses trompettes et saxophones et comment l'aspect haché, entrecoupé d'onomatopées s'est accentué. Il enregistre aussi "Mambo N°8", "Mambo en Sax", "Go Go Mambo", "Mambo del papelero"…
Dámaso martèle l'esprit du public avec le terme Mambo.
Autour de lui il recrute de bons musiciens mexicains, José Solis, Guadalupe Montés, Chilo Morán… et des percussionnistes de valeur : Modesto DURÁN, tumbadora ; Aurelio TAMAYO, timbales ; Clemente PIQUERO, bongó… Le conguero "Mongo" SANTAMARÍA se joint à lui et enregistre "Al compás del Mambo", "Martinica", "Enamorado"...

Pérez Prado. "Mambo N°8" . >>>>


En 1945 le conjunto de Miguel MATAMOROS s'était produit au Mexique avec "Benny" MORÉ. Celui-ci, tombé amoureux d'une mexicaine, n'avait pas souhaité rentrer à Cuba. PÉREZ PRADO l'engage en 1948 et tous les deux proposent un spectacle, Al Son del Mambo, qui remplit le Théâtre Blanquita. Ils effectuent plusieurs tournées dans la République ainsi qu'au Panamá. "Benny" et Dámaso enregistrent également plusieurs disques qui renforcernt leur popularité. Parmi les meilleures compositions de PÉREZ PRADO enregistrées avec "Benny", figurent "María Cristina", "Ana María", "Guajiro", et "Mangolete", "Mamboletas", "Dolor Carabalí" de MORÉ lui-même."Mongo" SANTAMARÍA fait partie de la formation.
Après le départ de "Benny" MORÉ, PÉREZ PRADO ne cherche pas à le remplacer. Il pense comme plusieurs directeurs de charangas que les chanteurs font de l'ombre aux directeurs des orchestres.
On l'écoute au cabaret Sans Souci et en 1951 Dámaso tente sa chance aux Etats Unis, d'abord à Los Angeles, débutant à la salle de danse Zenda. Les huit premiers concerts déclenchent une vague de mambomania qui atteint même la critique de Jazz de la Côte Ouest.

PÉREZ PRADO veut conquérir New York et la Côte Est. Le Mambo ne l'a pas attendu. René HERNÁNDEZ, Joe Loco et Tito Puente ont déjà imposé le genre au Palladium. Malgré tout il enregistre rapidement "Mambo a la Kenton" écrit par Armando ROMEU, "Broadway Mambo", "Perdido"…
Avec le percussionniste "Chino" POZO et toujours avec "Mongo", il enregistre de nouveau entre 1951 et 1953, "Mambo del 65", "Ole Mambo", "Muchachita"…Il incorpore Armando PERAZA aux côtés de "Mongo" en 1954.
PÉREZ PRADO occupe durant une période le Palladium mais la concurrence est rude avec les autres orchestres cubains et portoricains, notamment avec les "AFROCUBANS" qui, menés par René HERNÁNDEZ et MACHITO, développent une facette dansante lorsqu'ils sortent des Clubs de Jazz qu'ils fréquentent habituellement.
C'est donc sur la Côte Californienne que Dámaso va s'installer et diffuser avec succès le Mambo.

Au cours des années cinquante PÉREZ PRADO se déplace en Europe et revient fréquemment à Cuba où le public s'arrache ses disques que les radios diffusent en permanence. Les partitions de PÉREZ PRADO sont diffusées à Cuba et de nombreux orchestres interprètent ses compositions.
Dans l'île Dámaso fait plusieurs tournées qui l'amènent jusqu'à Santiago.C'est dans cette ville qu'il fait appel à Roberto NÁPOLES pour remplacer son contrebasiste malade.
Il quitte le Mexique en 1953. En 1954 il conduit sa formation pour la première fois en Colombie, à Bogotá.
Pourtant PÉREZ PRADO s'essouffle au milieu de la décennie après la série d'enregistrements "Mambo King".

Pérez Prado et l'orchestre "Havana Casino " à l'Hôtel Sevilla de La Havane.

Il tente alors de s'orienter vers des compositions plus amples; compose en 1954 une "Suite Voodoo" dans laquelle intervient le trompettiste Shorty Rogers, puis deux autres œuvres d'envergure, "Mosaico Cubano", "Suite of the Americas". Enfin dans la seconde moitié des années soixante il livre son "Concierto para bongó".
Pour tenter de prolonger sa carrière Dámaso PÉREZ PRADO adapte en vain le Mambo qu'il rebaptise Suby, Pau Pau, Chunga, Rockambo…. A Hollywood il enregistre "Suite exótica de las Américas". Il retourne au Mexique en 1964 et se rend de nouveau à Bogotá en 1966 mais le concert est annulé. Dámaso retourne en Colombie une dernière fois en 1983. Cette fois il s'agit d'une tournée à travers le pays, Damaso emmène avec lui, outre ses seize musiciens, un corps de ballet de huit danseuses.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* " Kuba Mambo", L.H. 1947-49. Tumbao TCD 006.
* " Mambo by Benny Moré", México 1948-50. Tumbao TCD 010.
* " Go Go Mambo", México 1949-50, N.Y. 1951. Tumbao TCD 013.
* " Al compás del Mambo", México 1950-51, N.Y. 1951-52. Tumbao TCD 028.
* " Voodoo Suite", Hollywood 1955, RCA, 888697145562.
In * " Orquesta Casino de la Playa, Memories of Cuba", L.H.1937-1944, Tumbao TCD 003
 
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